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VIE ET VOYAGES DE HIOUEN-THSANG.

le Maître de la loi, ayant percé du regard ce fourré épais, découvrirent sur le bord méridional de l’étang une cavité creusée par les eaux, qui pouvait contenir plusieurs personnes. Ils en avertirent secrètement le Maître de la loi et s’y enfoncèrent avec lui ; puis, ils s’échappèrent et coururent précipitamment vers le sud-est. Au bout de deux ou trois li, ils rencontrèrent un brâhmane qui labourait, et lui racontèrent de quelle manière ils avaient été assaillis et dépouillés par des brigands.

À ce récit, le brâhmane frémit d’horreur. De suite, il détela ses bœufs et se dirigea avec le Maître de la loi vers le village voisin. Il convoqua les habitants aux sons de la conque et au bruit du tambour, et, bientôt, il eut trouvé quatre-vingts hommes qui s’armèrent à la hâte et coururent à la recherche des brigands. Mais ceux-ci, à la vue de cette multitude, se dispersèrent et s’enfuirent au fond des bois. Le Maître de la loi retourna vers l’étang et délivra plusieurs hommes que les brigands avaient liés et garrottés[1]. Ceux qui l’accompagnaient, leur distribuèrent des vêtements et les ramenèrent au village pour y passer la nuit. Tous pleuraient et, poussaient des cris perçants. Mais le Maître de la loi conservait un visage riant, et ne donnait aucun signe de douleur. « Maître, lui dirent ses compagnons, les brigands nous ont enlevé tous nos bagages et nos provisions, et ce n’est qu’avec peine que nous avons conservé la vie. Dans cette

  1. L’auteur a omis de dire plus haut, qu’un certain nombre d’hommes avaient été pris et garrottés par les brigands.