Page:Julien - Histoire de la vie de Hiouen-Thsang et de ses voyages dans l’Inde.djvu/182

Cette page n’a pas encore été corrigée
82
VIE ET VOYAGES DE HIOUEN-THSANG.

incomparable de son admiration. Le corps du Bouddha et sa Kia-cha (Kachâya, son vêtement religieux) étaient d’un jaune rouge ; depuis les genoux jusqu’en haut, les beautés de sa personne brillaient en pleine lumière ; mais le dessous de son trône de lotus était comme enveloppé dans un crépuscule.

À gauche, à droite et derrière le Bouddha, on voyait au complet les ombres des Bôdhisattvas et des vénérables Çramaṇas qui forment son cortége.

Après avoir été témoin de ce prodige, il ordonna, de loin, à six hommes qui se trouvaient en dehors de la porte d’apporter du feu et d’entrer, pour brûler des parfums.

Quand le feu fut arrivé, soudain l’ombre du Bouddha s’en retourna et disparut.

Aussitôt il ordonna d’éteindre le feu, se fit de nouveau indiquer l’endroit et, à l’instant, elle reparut devant lui.

Parmi les six hommes, cinq purent la voir ; mais il y en eut un qui ne vit absolument rien. Cela ne dura que quelques instants.

Hiouen-thsang, ayant vu clairement ce phénomène divin, se prosterna avec respect, célébra les louanges du Bouddha et répandit des fleurs et des parfums ; après quoi la lumière céleste s’éteignit. Alors il fit ses adieux et sortit. Le brâhmane qui l’avait accompagné fut aussi ravi qu’émerveillé de ce miracle : « Maître, lui dit-il, sans la sincérité de votre foi et l’énergie de vos vœux, vous n’auriez pu voir un tel prodige. »