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VIE ET VOYAGES DE HIOUEN-THSANG.

lointaines, envoyèrent chacun de grands officiers pour le prier de passer par leur royaume et d’y recevoir leurs hommages ; mais il refusa d’y aller. Ayant vu, ensuite, que les ambassadeurs étaient renvoyés vers lui à plusieurs reprises, il ne put s’empêcher de se rendre à leur invitation. Les deux rois furent transportés de joie et lui offrirent de l’or, des pierres précieuses et des provisions de vivres. Il refusa toutes ces largesses, et s’en retourna sur-le-champ. Il partit de Fo-ko (Baktra — Balk), en se dirigeant vers le sud, et, accompagné du religieux Hoeî-sing (Pradjñâkara), il arriva au royaume de Kie-tchi {Gatchi).

Au sud-est de ce royaume, il entra dans les grandes montagnes neigeuses. Après avoir fait six cents ii, il sortit des frontières du Tou-ho-lo (Toukhara) et entra dans le royaume de Fan-yen-na (Bamian), qui a deux mille li de l’est à l’ouest. Il est situé au centre des montagnes neigeuses. Les sentiers et les routes sont encore plus difficiles et plus périlleux que dans les déserts couverts de glace. On n’est pas un seul instant sans rencontrer des nuages congelés et des tourbillons de neige. Quelquefois on voit devant soi des endroits plus dangereux encore ; ce sont des flaques de boue larges de plusieurs tchang (dizaines de pieds). On peut appliquer à ce pays ce que dit Song-yu en parlant des routes difficiles des contrées de l’ouest : « Les glaces accumulées s’élèvent comme des montagnes, et la neige roule en tourbillons sur une étendue de mille li. »

Hélas ! Si Hiouen-thsang ne fût point allé chercher,