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LIVRE DEUXIÈME.

nommé Ta-mo-seng-kia (Dharmasiñha) « le Lion de la loi », qui avait étudié longtemps dans Flnde. À l’ouest des monts Tsong’ling, on lui donnait par honneur le titre de Fa-tsiang (l’habile Artisan de la loi), et, parmi les religieux de Sou-lé (Khachgar) et de Yu-tien [Khotan), il n’y en avait pas im seul qui osât discuter avec lui.

Le Maître de la loi désira savoir jusqu’où allait son instruction, et envoya quelqu’un lui adresser cette question : « Maître, combien de Soutras et de Çâstras avez-vous lus ? » Les disciples et les personnes qui l’entouraient lurent irrités de cette demande.

— « Je les ai tous lus, répondit en riant Ta-mo [Dharmasiñha) ; on peut m’interroger à volonté. » Le Maître de la loi, sachant qu’il n’avait pas étudié le grand Véhicule (Mahâyâna), le questionna sur plusieurs articles du P’o-cha (Vibhâchâ) de la petite doctrine (Hînayâna), etc. qui n’étaient point faciles à entendre ; mais il s’excusa et s’avoua vaincu. Tous ses disciples en furent couverts de confusion.

Depuis ce moment, Ta-mo-seng-kia (Dharmasiñha) l’accueillit avec joie et ne cessait de le louer et de l’exalter en toute occasion, disant que lui-même ne saurait l’égaler.

À cette époque, comme le nouveau Ché (chef de horde) venait d’être installé, le Maître de la loi le pria de le faire accompagner par des envoyés officiels et de lui fournir des chevaux de poste (Ou-lo — Oulak) ; il désirait, lui disait-il, marcher au sud et se diriger vers le royaume des Brâhmanes.