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VIE ET VOYAGES DE HIOUEN-THSANG.

les opinions se divisèrent et donnèrent naissance à deux écoles qui se partagèrent le midi et le nord. Partout éclataient des discussions passionnées et des luttes opiniâtres. Il y avait déjà plusieurs centaines d’années que tout notre pays était agité par des doutes, et l’on ne trouvait nul maître éminent qui fût capable de les dissiper.

« Hiouen-thsang, grâce à son heureuse destinée « entra de bonne heure par la porte noire (c’est-à-dire dans un couvent) et suivit les leçons des maîtres jusqu’à près de vingt ans. Tous les sages illustres « tous les amis d’un mérite supérieur furent par lui consultés et interrogés. Il étudia presque complètement les principes du grand et du petit Véhicule.

« Sa main ne quittait jamais les livres sacrés ; mais cette étude assidue n’était pas exempte de doutes. Fatigué par de pénibles incertitudes, souvent il voulait s’élancer vers le jardin Ki-youen (Djêtavana) ; souvent il se transportait par la pensée jusqu’au pic du Vautour (Gridhrakoûṭa). Il voulait aller les visiter avec respect et dissiper les doutes qui l’agitaient. Mais il savait qu’on ne peut avec un mince tube de bambou découvrir l’étendue du ciel, ni avec une coquille mesurer l’eau des mers. Seulement, il ne pouvait renoncer aux humbles desseins que lui inspirait l’ardeur de son zèle. C’est pourquoi il fit ses préparatifs, se mit en route, et, après une marche lente et pénible, il arriva dans le pays de I-’gou.

« Je songe avec respect que Votre sublime Majesté,