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VIE ET VOYAGES DE HIOUEN-THSANG.

qu’on augmentât encore ses provisions, et que chaque jour on lui offrit des vivres en abondance. Le roi lui-même voulut le servir à table.

Le Maître de la loi, voyant qu’on le retenait de forte et qu’on mettait obstacle à ses premiers desseins, jura qu’il ne mangerait point, dans l’espoir de toucher le cœur du roi. Alors il s’assit dans une attitude droite et immobile, et pendant trois jours pas une goutte d’eau ni de bouillon ne pénétra dans sa bouche. Le quatrième jour, le roi reconnut que la respiration du Maître de Ii loi s’affaiblissait de plus en plus. Honteux et effrayé des suites de sa rigueur, il se prosterna jusqu’à terre et hd offrit respectueusement ses excuses.

« Maître, dit-il, je vous laisse libre d’aller dans l’occident ; veuillez, je vous en prie, prendre le repas du matin. » Mais le Maitre de la loi, doutant de sa sincérité, exigea qu’il jurât en prenant le soleil à témoin.

Eh bien ! dit le roi, je désire aller avec vous devant le Bouddha et vous renouveler le témoignage solennel de mon attachement. »

Alors il entra avec lui dans un couvent et adora le Bouddha ; puis, en présence de sa mère, la princesse Tch’ang, il fit serment de rester uni avec lui comme un frère. « Je vous permets, ajouta-t-il, d’aller chercher la Loi ; mais quand vous retournerez (en Chine), je vous prie de vous arrêter trois ans dans ce royaume pour recevoir les hommages de voire disciple. Si, dans la vie à venir, vous devenez Bouddha, je désire, comme autrefois les rois Po-se-ni {Prasênadjit) et Pin-p’o-cha-lo