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LIVRE PREMIER.

sabre, banda son arc et pria le Maître de la loi de marcher devant ; mais il n’y put consentir. Le jeune barbare marcha alors tout seul en éclaireur ; puis, au bout de quelques li, il s’arrêta. « Votre disciple, lui dit-il, ne peut aller plus loin ; car d’un côté il a de grands embarras domestiques, et de l’autre il ne saurait enfreindre les lois de son pays. »

Le Maître de la loi, comprenant sa pensée, lui permit aussitôt de s’en retourner.

« Maître, lui dit le jeune barbare, il est impossible que vous arriviez à votre but ; si l’on vous arrête et que l’on vous remmène, que ferez-vous ? »

— « Certes, répondit le Maître de la loi, quand on devrait me couper par morceaux ou me réduire en poussière, je ne me laisserai jamais remmener ; j’en fais ici le serment. »

Le jeune homme ayant cessé d’insister, il lui donna un cheval pour le remercier de ses services et prit congé de lui. Il entra alors seul et abandonné dans le désert de sables ; et, se guidant lui-même sur les monceaux d’ossements et les amas de fiente de chevaux qu’il apercevait dans le lointain, il chemina pendant quelque temps d’un pas lent et pénible. Tout à coup il aperçut plusieurs centaines de troupes armées qui semblaient couvrir la plaine. Il les voyait tantôt marcher, tantôt s’arrêter. Tous les soldats étaient vêtus d’étoffes de feutre et de fourrures. Ici apparaissaient des chameaux et des chevaux richement équipés ; là des lances étincelantes et de brillants étendards. Bientôt c’étaient de nouvelles formes, de