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LIVRE PREMIER.

plus de quinze fois^^1 il a fait, aller et venir, le chemin de I-’gou. Il est vigoureux et connaît les routes. Votre cheval, au contraire, est faible et n’y arrivera jamais. »

Le Maître de la loi se rappela alors que, le jour où il se disposait à partir de Tch’ang-an pour obéir aux grandes vues qui l’entraînaient vers les contrées de Touest, il avait vu un devin, nommé H o-hong-ta, qui, après avoir récité des prières magiques et examiné les traits du visage, réussissait souvent à tirer l’horoscope. Le Maître de la loi l’ayant consulté sur son voyage, il répondit : « Maître, vous pouvez partir. Je vous vois déjà voyageant sur le dos d’im cheval vieux et maigre, de couleur rousse, dont la selle vernie est garnie de fer sur le devant. »

Quand il eut vu que le cheval du vieillard étranger était roux et maigre, et que la selle vernissée était garnie de fer, il reconnut la vérité des paroles du devin. En conséquence, il échangea son cheval contre celui du vieillard, lui ofirit ses respects d’un cœur joyeux et prit congé de lui.

Là -dessus il prépara ses bagages ; puis il partit pendant la nuit avec le jeime barbare. A la troisième veille, ils arrivèrent à la rivière [Hou-lou] et aperçurent de loin la barrière Yu-men-kouan. A dix li (une lieue) du cours supérieur, au point où s’élevait la barrière, les deux rivages n’étaient séparés que par la distance d’un tchang (dix pieds). A côté se trouvait im massif d’arbres Outhong. Le jeime barbare coupa du bois et construisit une sorte de pont. Il y étendit des herbes qu’il recouvrit

1 Plus haut, page 20, ligne 8, on lit : trente fois.