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VIE ET VOYAGES DE HIOUEN-THSANG.

peu avant le coucher du soleil, il entra dans une plaine couverte d’herbes touflues.

Quelques instants après , ce barbare accourut le cher- cher en compagnie d’un vieillard, étranger comme lui, qui était monté sur un cheval maigre , de couleur rousse.

Le Maitre de la loi éprouva un moment d’inquiétude. Le jeune barbare lui dit : « Ce respectable vieillard con- naît parfaitement les routes de l’ouest, et plus de trente fois il a fait, aller et venir, le chemin de I-’goa. Ccsl pour cela que je vous l’ai amené dans l’espoir qu^avec lui vous voyagerez en sûreté. »

Le vieillard prit à son tour la parole : « Les routes de l’ouest sont mauvaises et dangereuses ; tantôt on est ar- rêté par un fleuve de sable (des sables mouvants) , tantôt par des démons et des vents brûlants. Lorsqu’on les ren- contre , il n’est personne qui puisse y échapper. Souvent des caravanes nombreuses s’y égarent et périssent ; à plus forte raison, maitre vénéré, vous qui êtes seul, comment pourrez- vous accomplir ce voyage ? Je vous en prie , pre- nez des précautions et ne jouez pas ainsi votre vie. »

Hioaen-thsang répondit : « C’est dans l’imique but de chercher la sublime Loi que ce pauvre religieux s^élance avec ardeur vers les contrées de l’occident. Si je n’ar- rive point au royaume des Po-lo-men [Brahmanes)^ de ma vie je ne retournerai dans l’orient (en Chine). Quand je devrais moiu^ir au milieu de ma route, je n’éprouve- rais nid regret. »

— « Maître , lui dit le vieillard, puisque vous êtes dé- cidé à partir, il faut que vous montiez mon cheval. Déjà