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étaient raisonnées, et j’étais ingénieuse à les justifier vis-à vis de moi-même après coup, quand la faiblesse, la passion, ou les circonstances m’avaient entraînée.

Le capitaine hollandais ressemblait pour le physique à ceux de sa nation, c’est-à-dire, qu’il avait beaucoup d’embonpoint, l’air commun, une figure insignifiante, les manières dures et grossières. Il était de plus marin, c’est tout dire. Le second jour de notre départ, je me promenais sur le tillac, tandis que mon ex-soldat de la robe-courte était à boire avec quelques matelots, lorsque M. van Rennen (c’était le nom du capitaine) s’avança vers moi traînant lourdement son énorme circonférence et une pipe à la bouche. Il me considéra quelque temps avec l’expression d’une curiosité stupide. Insensiblement la physionomie se monta, un rayon de vivacité l’anima, et ouvrant une grande bouche, d’où sortit une vapeur chaude qui obscurcit pour un moment l’atmosphère