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que le meilleur moyen d’atteindre mon but, était d’épouser le jeune fermier : avec les richesses que je venais d’acquérir, je ne doutais pas qu’il ne me fût aisé d’obtenir le consentement de ses parents : outre l’argent que j’avais gagné à Spa et celui qui me restait lorsque j’y arrivai, le Chevalier m’avait encore laissé en mourant une somme à peu près aussi forte ; ainsi je me voyais maîtresse de près de 80,000 livres, ce qui était bien plus que suffisant pour couler le reste de mes jours dans le sein d’une douce aisance.

Je n’eus pas plutôt formé le projet dont je viens de parler, que j’en commençai l’exécution. Un jour que je me trouvais seule avec le jeune fermier : Vous m’aimez, Jérôme, lui dis-je ; je m’en suis aperçue ; vous devez avoir remarqué de votre côté que vous ne m’étiez nullement indifférent. Jérôme rougit : Madame, me répondit-il en baissant les yeux, je ne sais si ce que je ressens pour vous est de l’amour,