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le désir de m’établir. Ce parti flattait extraordinairement son amour-propre, et rien de sa part ne fut épargné lorsque le docteur se présenta, pour l’engager à se décider promptement.

On doit bien juger quelle révolution cette alliance projetée fit dans le tripot où mon père était constamment un être nul. Les voisins surent bientôt qu’un médecin fréquentait Mlle Julie ; mais la pauvre Julie ne voyait, elle, dans ce mariage si désiré, qu’un moyen de s’affranchir du joug asservissant et de l’état humiliant dans lequel elle rampait. Quoique jeune et ayant des grâces et de l’esprit, M. Fargès n’était pas encore le Silphe que mon ardente imagination avait créé ; conséquemment je restai dévote et j’aimai Dieu sous l’empire du très insinuant médecin qui, pendant quelques mois, venait très assiduement pousser auprès de moi ses amoureux soupirs.

Ma mère qui ne craignait rien tant que de perdre la brillante occasion de