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arriver à la félicité, mais pour que cette félicité soit durable, tous ces chemins doivent se réunir au grand sentier de l’honneur et de la probité.

Je ferai grâce au lecteur des détails de la nouvelle conversion que j’opérai. Si j’avais pu réussir avec M. de Calonne, la besogne était encore plus aisée avec le Chevalier ; outre qu’il était bien moins éclairé, la vivacité de sa tendresse ne lui permettait pas de s’engager fort avant dans de froides discussions, et quoique le levain de l’aristocratie eût fortement fermenté dans son cœur, en moins de trois jours je parvins à l’en extirper et à le convaincre parfaitement. Persuadée comme je l’étais, qu’un honnête homme, et surtout un Français, est esclave de sa parole, je fis jurer au Chevalier de ne jamais rien entreprendre contre la cause de la liberté, de la défendre au contraire à l’avenir de tout son pouvoir, et de retourner incessamment en France pour y remplir tous les devoirs d’un bon citoyen et d’un zélé patriote. M. de L**