aussi grave, refusait de me rendre raison,
et cela parce que je n’étais pas
digne de me battre avec ce qu’il appelait
un homme comme lui, comme si tous
les hommes n’étaient pas égaux aux
yeux de la nature, et que le hasard de
la naissance dût établir entr’eux une distinction
qui met tout l’avantage d’un côté
et le désavantage de l’autre ; comme si
dans un différend, celui qui a le bon
droit de son côté, n’avait pas une véritable
supériorité sur l’autre ; comme si enfin
la vertu et les talents n’étaient pas réellement
la seule et unique marque distinctive,
et qu’un honnête citoyen, constant
dans le chemin de l’honneur et de la
probité, dût tout souffrir d’un sot
orgueilleux qui n’a d’autre mérite que
ses titres et l’habit qu’il porte.
Je rendis compte le même jour à Emilie de ce qui s’était passé avec le Colonel ; elle en fut singulièrement irritée ainsi que sa tante ; celle-ci me promit que dès ce moment, quoi qu’il en arrivât, elle ne souffrirait plus les visites du