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d’empire sur moi, je résolus de me rendre à l’invitation ; cependant, à tout hasard, je me munis d’une épée. Arrivé à l’endroit que l’émissaire m’avait indiqué, je ne fus pas peu surpris d’y trouver le Comte de B** ; il s’avança vers moi, et me faisant une de ces inclinations de tête qui sont moins une marque d’honnêteté qu’une offense : Je sais, me dit-il, la nature de vos liaisons avec Emilie, je n’ignore pas même qu’elle a pour vous une certaine tendresse, mais je me flatte de pouvoir parvenir à dissiper cette légère impression ; elle vous a sans doute dit que je l’aime ; je crois devoir vous dire de mon côté que j’en suis éperdument amoureux, et que je ne souffrirai pas que personne s’oppose à mon amour ; comme vous y êtes un obstacle, je vous signifie de ne plus mettre les pieds chez elle, sinon vous vous exposerez à tous les effets de mon courroux.

Quiconque ne connaît point la France, et qui ignore l’espèce de despotisme que les grands y exerçaient, aura peine à