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mon avis, il vaut encore mieux souffrir que de s’ennuyer, vu que la peine n’exclut point la jouissance, qu’elle en augmente même l’attrait, au lieu que la tiédeur de l’ennui suppose une espèce d’incapacité de jouir, un défaut d’énergie nécessaire pour goûter le plaisir, enfin le dégoût de la jouissance.

Je prenais souvent plaisir à voir les troupes patriotiques, toutes formées de jeunes gens pleins d’ardeur et de courage, et qui brûlaient d’en venir aux mains avec l’ennemi : Sans doute, me disais-je, de pareils hommes, des hommes animés par tous les sentiments qui nous disposent à l’héroïsme, ne peuvent manquer de vaincre et de triompher de leurs ennemis ; que pourront contre ces braves défenseurs de la patrie, des mercenaires qui ne sont conduits que par la crainte du bâton, et qui en eux-mêmes se soucient fort peu du succès de la cause qu’ils soutiennent. Dans mon enthousiasme je me faisais déjà la plus haute idée des succès dont j’allais être