Page:Julie Philosophe, 1886.djvu/414

Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion
— 404 —


général des troupes brabançonnes, qu’à peine croyais-je être éloignée de quelques lieues de Bruxelles. Ce fut alors que nous commençâmes à songer, mon amant à l’objet de son voyage, aux devoirs qu’il allait avoir à remplir, et moi aux dangers auxquels il allait être exposé ; je pris un logement dans un village près duquel le régiment de van Dick était campé. Mon amant venait passer avec moi tout le temps que lui laissaient ses occupations militaires, et nos entretiens étaient d’autant plus doux, qu’ils étaient plus rares et soumis à plus d’obstacles. La peine est plus nécessaire à l’homme qu’on ne pense pour lui faire apprécier et goûter le plaisir ; j’ose même dire que sans elle, celui-ci deviendrait insensiblement nul. Une suite ininterrompue de jouissances fatigue l’homme et fait naître l’ennui, ce poison de la vie, plus redoutable que la peine ; il n’est donc point de bonheur parfait, puisque ce que nous appelons bonheur cesse d’être tel dès qu’il est continu ; ainsi à