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cœur à être cocu, pourvu que la révolution réussisse, et que l’édifice de sa liberté soit entièrement consolidé.

Ce tendre entretien fut suivi de plusieurs autres, et bientôt il se forma entre nous la plus grande intimité ; ce que M. de Calonne m’avait prédit se réalisa : je devins la maîtresse d’un membre, et d’un membre distingué des États-généraux. Quoique je fusse instruite en partie des détails de la vie privée du Comte, et que certainement il y ait bien des choses à redire sur ce point, cependant cette connaissance ne diminuait rien des sentiments que j’avais conçus pour lui. L’homme privé disparaissait à mes yeux devant l’homme public, le libertin un peu outré devant l’homme de génie, et le roué devant le citoyen patriote ; cette dernière qualité surtout effaçait toute impression qui eût pu lui être défavorable, et les services qu’il avait rendus à la patrie compensaient à mes yeux les faiblesses et les écarts du Comte comme particulier.

  
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