Page:Julie Philosophe, 1886.djvu/34

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 24 —


prenais plus les belles proportions, si ma main ne traçait plus d’amoureux contours, du moins je n’avais plus sous mes yeux d’objets qui enflammassent mes sens. Conséquemment mon talent, seule ressource de l’indigence dans ce bas monde, décroissait à vue d’œil, mais aussi mes titres à la vie éternelle se décuplaient ; et déjà je me voyais dans le ciel, jouant ainsi que mon Peintre écourté, de la mandoline avec les harpistes et les clavecinistes du Père éternel.

J’ai toujours aimé à raisonner mes actions, mes jouissances et mes plaisirs. À mesure que mes facultés intellectuelles s’étaient développées, j’avais acquis des connaissances, et dans mes dévotes conversations je mêlais des questions qui embarrassaient fort mon pauvre Darmancourt. Un jour je lui demandai comment il se pouvait que la vierge fût restée vierge après avoir fait un enfant, et comment il était possible qu’elle ait fait cet enfant par l’entremise d’un pigeon…