une lettre pour la Municipalité. On me
fit rentrer dans ma chaise, et je repris
avec mon escorte le chemin de Paris.
Il était presque nuit lorsque nous arrivâmes ;
en entrant dans la rue St-Denis,
j’aperçus une affluence de monde qui
se portait çà et là dans le plus grand
tumulte ; ma voiture fut bientôt environnée
d’une partie de cette foule ; des
voix s’écrièrent : c’est un aristocrate, c’est un aristocrate ! à la lanterne. Ces
cris, la vue de ce peuple en désordre et
qui me prenait pour un de ses ennemis,
commencèrent à m’émouvoir. Je savais
combien la populace est licencieuse et à
quels excès elle peut se porter, lorsqu’elle
n’a plus aucun frein qui l’arrête.
Mes craintes redoublèrent encore lorsque
je vis cette populace suivre ma
voiture et se presser autour de moi en
me faisant les gestes les plus menaçants.
Ce ne fut pas sans des peines
infinies que nous parvînmes jusqu’à la
Grève ; là, le tumulte devint encore plus
fort ; les mêmes cris d’aristocrate qui
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