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d’eux me demanda qui j’étais ; comme je ne m’étais point attendue à cette demande, j’hésitai, et fus quelque temps sans répondre. Les paysans voyant mon embarras, s’écrièrent : c’est un aristocrate ! il faut l’arrêter. J’eus beau leur assurer que j’étais un très bon patriote, et que je voulais participer à l’heureuse révolution qui venait d’avoir lieu, ils parurent n’en rien croire ; ma chaise fut investie de tous côtés : un paysan se mit à la place du postillon, et l’on me conduisit au village voisin ; là on me fit comparaître devant le Juge ; celui-ci me fit la même question qu’on m’avait faite en m’arrêtant ; comme je ne me sentais coupable de rien, et que je ne croyais pas avoir la moindre chose à craindre, je ne crus pas devoir décliner ma qualité de fille ; je dis seulement que j’avais fait un voyage en Angleterre et que je revenais à Paris, ma patrie ; quant à mon nom, je me donnai le premier qui me vint dans la tête. Sur cette réponse, mon interrogateur demanda à voir mes