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tant de gens à contenter, qu’en vérité le plus parfait honnête homme du royaume aurait bien de la peine à suivre constamment le système qu’il s’est formé ; c’est une position bien délicate que celle où l’on perd tout si l’on ne fait pas un peu plier ses principes, et où votre intérêt, votre ambition sont presque toujours en conflit avec vos devoirs.

L’espèce de franchise avec laquelle l’ex-Ministre me parlait m’encouragea encore davantage ; il m’eût été aisé de le réfuter sur la morale relâchée dont il paraissait faire profession en matière de finance, et de lui prouver que l’exacte probité n’admet point de distinctions, de tempéraments, qu’enfin un parfait honnête homme l’est dans tous les cas, ou il risque de ne plus l’être dans aucun ; mais comme il était inutile de revenir sur le passé, je m’appliquai surtout à frapper les principes un peu aristocratiques que je connaissais à M. de Calonne, et à en faire un bon citoyen, un