raison de se haïr ni de s’aimer, c’est-à-dire
sans rancune comme sans regret ;
aussi pour rendre cette séparation telle
que je voulais qu’elle fût, je me gardai
bien d’instruire la Comtesse de ma nouvelle
liaison avec son ancien amant. Un
valet de chambre de M. de Calonne me
conduisit dans un appartement qu’il
avait fait louer pour moi dans le voisinage
de son hôtel, et j’y fus servie
comme la maîtresse d’un ex-Contrôleur-Général
des finances, c’est-à-dire magnifiquement.
M. de Calonne, laid et âgé, fait disparaître par son esprit et son amabilité ces deux défauts très conséquents aux yeux d’une femme. Il est fort aimable en société ; sa conversation est tout ce qu’elle doit être pour plaire, instruire et amuser ; fertile en saillies fines, en idées neuves, il sait encore donner un nouveau prix à ses pensées, par la tournure piquante et originale avec laquelle il les rend ; gai et enjoué dans le tête-à-tête, il possède ce qu’on peut appeler