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quérir… On voit que toute femme que je suis, j’eus un pressentiment de ce qui est arrivé.

Je me réjouissais de cet heureux événement, et je cherchais les moyens de pouvoir quitter la Comtesse ; pour y réussir, j’avais plusieurs fois tenté de recouvrer ce que Morande m’avait si indignement escroqué. Ne pouvant recourir à la justice, j’avais cherché l’occasion de le rencontrer, et j’allais dans les endroits où il avait coutume de se trouver. Un jour enfin je parvins à le joindre dans un café ; à ma vue il parut un peu décontenancé, mais il reprit bientôt l’effronterie qui lui est naturelle ; je lui reprochai en termes assez durs le procédé qu’il avait tenu envers moi, et lui dis que me trouvant dans le besoin, j’espérais qu’il effacerait son tort en me restituant l’équivalent de ce que je lui avais prêté si généreusement. Le scélérat après m’avoir écoutée tranquillement, me répondit que ma demande l’étonnait d’autant plus qu’il ne me connaissait pas,