aversion, on ne sait en vérité si c’est un
malheur ou un bonheur pour l’espèce
humaine que de vivre en société. Sans
doute cette propension qui nous porte à
rechercher notre semblable est dans la
nature, et celle-ci ne nous indique rien
qui ne tende à notre bonheur ; mais ne
sommes-nous pas accoutumés à abuser
de tout, et les institutions les plus salutaires
ne deviennent-elles pas dans nos
mains la source de notre malheur ou de
celui des autres ?
On a vu dans le chapitre précédent comment un seul propos équivoque rompit l’étroite liaison qui subsistait entre M. de Calonne et Madame de la Mothe. Quoique la Comtesse parût toujours courroucée contre l’ex-Ministre, je vis bien que dans le fond elle était fâchée de cet événement, et qu’elle aurait volontiers continué son intimité avec Calonne ; sans doute son intérêt était le principe du regret qu’elle éprouvait, car depuis sa rupture je m’aperçus que l’aisance dans laquelle elle s’était sou-