dignité de son être, leur fait négliger
tout ce qui ne correspond point avec ces
sentiments ; ils dédaignent, ils regardent
comme au-dessous d’eux ce que nous
appelons faire la cour aux femmes. Mais
comme l’esprit de liberté n’exclut point
la sensibilité, qu’au contraire, il fortifie,
il exalte ce principe de toute vertu et lui
donne ce caractère mâle et élevé qui
nous porte à des actions sublimes et
héroïques, si un homme est sensible
aux charmes d’une femme, cet intérêt
se manifeste d’une manière décidée,
rapide, brusque et violente ; l’expression
de son amour est hardie comme sa
pensée ; il ignore ces lieux communs
amoureux, ces préliminaires galants qu’on
connaît si bien en France, et comme il
ne sent rien faiblement, qu’il n’est point
accoutumé à former des désirs qu’il ne
puisse satisfaire, il marche sans détour
à son but, et voir, désirer, jouir n’est
presque pour lui qu’une même chose.
Français, qui venez de secouer les fers
du despotisme, prenez garde de perdre
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