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l’infortuné s’était brûlé la cervelle d’un coup de pistolet.

On peut juger de l’effroi mêlé d’horreur que ce cruel spectacle causa à tous les assistants. Je ne pus le soutenir longtemps ; je me retirai dans ma chambre et passai le reste de la journée à gémir sur le sort de cet infortuné jeune homme et sur la triste combinaison des événements de ce monde, qui force souvent l’homme à rejeter la vie, et à regarder la mort comme son unique ressource.

Cette catastrophe me causa pendant plusieurs jours une mélancolie que je m’efforçai en vain de bannir. J’étais plus affligée de la mort tragique de mon compatriote, que je n’avais été affectée de tous les malheurs qui m’étaient arrivés. Je m’épuisais en conjectures sur les causes qui avaient pu porter à se donner la mort un jeune homme qui paraissait si fait pour le bonheur, et je ne pouvais trouver aucun motif suffisant, qu’une passion malheureuse ; mais j’appris que

  
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