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à dix-sept ans aux Jacobins ; au bout d’un an de noviciat, je pris l’habit, et je me liai par un vœu solennel à un Dieu, qui me défendait de remplir le premier vœu de la nature ; je fis le serment d’être toute ma vie un être nul, oisif, absolument inutile, et de ne jamais doubler mon existence par cet acte si doux et si naturel.

Ce fut quelque temps après avoir renoncé à être homme, que je commençai à sentir plus vivement que je l’étais. Le feu des passions plus fortement concentré par mes pratiques austères, n’en devint que plus violent ; leur voix impérieuse tonna dans mon cœur avec une force extraordinaire ; la vue d’une femme enflammait mes sens et les jetait dans le plus grand désordre, et mon imagination exaltée présentait sans cesse à mon esprit les images les plus propres à augmenter la violence des désirs qui remplissaient mon âme. Je fis quelque temps les plus grands efforts pour résister à l’ascendant qui