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La lecture est un des goûts les plus purs, les plus agréables et les plus susceptibles d’être étendus et diversifiés : il ne laisse point de regrets après lui ; il double, il multiplie pour ainsi dire notre existence, puisque par une séduisante illusion, nous nous identifions au sujet que nous avons sous les yeux, et que par une espèce de magie on se trouve transporté tantôt dans le passé, tantôt dans un monde idéal et délicieusement chimérique. Lit-on l’Histoire, on a devant les yeux le grand tableau des siècles passés, on combat, on subjugue avec Alexandre et Charlemagne, on est clément avec Auguste et Henri IV, héros avec César et La Fayette ; on montre une autre espèce d’héroïsme avec Caton et le Chevalier d’Assas, on sacrifie son bien et sa santé pour la Patrie avec Necker, on défend la cause du peuple avec Cicéron et Mirabeau, ou bien on charme l’univers avec Cléopâtre, on goûte les ravissements de l’amour avec Antoine ; lit-on d’agréables fictions, on