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je commençais à faire un peu entrer le solide en ligne avec l’agréable, convaincue comme je l’étais par l’expérience, qu’on ne se procure ordinairement l’un qu’en s’occupant de l’autre. Je résolus donc d’attendre encore quelque temps, et de mettre à profit la tendresse généreuse de M. van Rennen, pour amasser de quoi vivre longtemps à l’abri du besoin. J’ai toujours beaucoup aimé la lecture ; mon amant qui allait au-devant de tous mes désirs, m’avait formé une bibliothèque nombreuse et bien choisie. Ce fut dans cette retraite que je me formai l’esprit, et donnai à mes idées cette clarté, cette confiance qui leur est nécessaire pour saisir les rapports des choses, la liaison entre les objets abstraits, et le véritable point de vue sous lequel l’homme sensé et dégagé de tous les préjugés doit les envisager. Ce fut alors que j’affermis mes principes sur une base solide, et que je me créai un système, une règle de penser et d’agir dont rien ne me fera jamais départir.