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que pour le faire, cet aveu, il m’a fallu un certain fonds d’esprit et cette philosophie mâle qui dédaigne assez le rang et la naissance pour se faire admirer par ses propres moyens. Je n’ai pas toujours été si sensée : jouant un rôle sur la scène du monde, je n’avais pas ces grands sentiments que je dois à mon adversité ; c’est par eux que le gueux se croit quelque chose.

Les malheurs mènent donc à la philosophie, et la philosophie nous apprend que la plus pitoyable de toutes les manies est celle de l’homme qui s’enorgueillit ou qui rougit du hasard de la naissance. Qu’importe en effet qu’on soit né dans les derniers rangs, si l’on n’a pas contracté les travers, les ridicules, la bassesse des premiers. J’ai bien pu m’enticher un peu des principes qu’on puise dans la sphère des femmes de qualité, mais j’ai eu par dessus elles l’avantage de conserver un cœur excellent. J’ai été toujours ce qu’on appelle une bonne fille.