Page:Julie Philosophe, 1886.djvu/138

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 128 —


souvent dérangées ; les projets les mieux conçus déjoués au moment où nous nous y attendons le moins ; nous sommes entraînés malgré nous dans le tourbillon des événements nécessaires, et qui sont la suite et l’effet de cette immensité de causes finales qui ont donné la première impulsion à ce vaste univers. L’homme vraiment sage doit donc s’attendre à tout ; il bâtit pour l’avenir, mais il n’a point la folie de croire son édifice indestructible.

J’étais encore au lit, et je retraçais dans mon esprit tout ce qui m’était arrivé la veille, lorsque j’entendis un grand bruit d’hommes et de chevaux précipitant leur marche ; curieuse de savoir ce que c’était, je me levai, et je m’informai de la cause de ce tumulte. On m’apprit que les Prussiens en force n’étaient plus qu’à quelques lieues de la ville, contre laquelle ils s’avançaient, et que le Corps commandé par le Rhingrave de Salm, au lieu de songer à la défendre, venait de prendre honteuse-