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puisque j’avais quitté pour lui le sort le plus heureux. Tous ces motifs réunis portèrent mon ressentiment à son comble ; je résolus de briser, à quelque prix que ce fût, des nœuds qui m’outrageaient aussi vivement, mais ce fut surtout contre ma rivale que ma colère se dirigea : le cœur cherche toujours à justifier un amant, quoiqu’infidèle ; il aime à attribuer toute la faute à celle qui a causé son inconstance. Après avoir bien réfléchi sur les moyens d’écarter ma rivale, je crus qu’il n’y en avait point de meilleur que de lui écrire la lettre suivante :

« Je sais à n’en pouvoir douter, que vous avez renoué vos anciennes liaisons avec van Hove ; apprenez que j’ai des droits sur son cœur, qui, s’ils sont moins anciens que les vôtres, n’en sont à coup sûr que plus grands ; si vous refusez de me les céder, si vous ne me promettez de rompre entièrement avec lui, je vous somme de vous trouver demain à l’issue du