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vous demande en retour, me répondit-il. Du reste rien ne vous manquera et tous vos désirs seront satisfaits.

Cette seconde entrevue fut encore plus animée que la première ; le Hollandais paraissait vivement épris : de mon côté, la reconnaissance suppléa à l’amour, car j’avouerai au lecteur que je ne me sentais pas pour M. van Vlieten (c’était le nom du régent) ce principe de tendresse, cette douce propension qui entraîne notre âme par un mouvement subit vers l’objet avec qui elle correspond, et qui forme le premier nœud de cette liaison des cœurs qu’on nomme amour, par laquelle la jouissance acquiert un nouveau prix.

M. van Vlieten ne ressemblait presque pas à ceux de sa nation. Il était poli, affable, galant et généreux ; ses manières, ses discours n’avaient rien de cette roideur compassée qui caractérise les Bataves. Sa conversation était des plus gaies, et quoique les fonctions de sa dignité, et les occupations d’un com-