Cyrus Smith resta d’abord pensif. Puis, il murmura encore ces paroles :
« Oui ! le capitaine avait raison ! Là est le danger, et un danger terrible ! »
Ayrton ne dit rien, mais, sur un signe de Cyrus Smith, il reprit ses avirons, et, une demi-heure après, l’ingénieur et lui sortaient de la crypte Dakkar.
CHAPITRE XIX
Le lendemain matin, 8 janvier, après une journée et une nuit passées au corral, toutes choses étant en état, Cyrus Smith et Ayrton rentraient à Granite-house.
Aussitôt, l’ingénieur rassembla ses compagnons, et il leur apprit que l’île Lincoln courait un immense danger, qu’aucune puissance humaine ne pouvait conjurer.
« Mes amis, dit-il, — et sa voix décelait une émotion profonde, — l’île Lincoln n’est pas de celles qui doivent durer autant que le globe lui-même. Elle est vouée à une destruction plus ou moins prochaine, dont la cause est en elle, et à laquelle rien ne pourra la soustraire ! »
Les colons se regardèrent et regardèrent l’ingénieur. Ils ne pouvaient le comprendre.
« Expliquez-vous, Cyrus ! dit Gédéon Spilett.
— Je m’explique, répondit Cyrus Smith, ou plutôt, je ne ferai que vous transmettre l’explication que, pendant nos quelques minutes d’entretien secret, m’a donnée le capitaine Nemo.
— Le capitaine Nemo ! s’écrièrent les colons.
— Oui, et c’est le dernier service qu’il a voulu nous rendre avant de mourir !
— Le dernier service ! s’écria Pencroff ! Le dernier service ! Vous verrez que, tout mort qu’il est, il nous en rendra d’autres encore !
— Mais que vous a dit le capitaine Nemo ? demanda le reporter.
— Sachez-le donc, mes amis, répondit l’ingénieur. L’île Lincoln n’est pas dans les conditions où sont les autres îles du Pacifique, et une disposition