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le secret de l’île.

pouvait être que le nom d’un homme doué d’une puissance véritablement inexplicable et en quelque sorte surhumaine.

Après quelques instants, les colons rentrèrent dans l’habitation du corral, où leurs soins rendirent promptement à Ayrton son énergie morale et physique.

Nab et Pencroff transportèrent les cadavres des convicts dans la forêt, à quelque distance du corral, et ils les enterrèrent profondément.

Puis, Ayrton fut mis au courant des faits qui s’étaient accomplis pendant sa séquestration. Il apprit alors les aventures d’Harbert, et par quelles séries d’épreuves les colons avaient passé. Quant à ceux-ci, ils n’espéraient plus revoir Ayrton et avaient à redouter que les convicts ne l’eussent impitoyablement massacré.

« Et maintenant, dit Cyrus Smith en terminant son récit, il nous reste un devoir à accomplir. La moitié de notre tâche est remplie, mais si les convicts ne sont plus à craindre, ce n’est pas à nous que nous devons d’être redevenus maîtres de l’île.

— Eh bien ! répondit Gédéon Spilett, fouillons tout ce labyrinthe des contreforts du mont Franklin ! Ne laissons pas une excavation, pas un trou inexploré ! Ah ! si jamais reporter s’est trouvé en présence d’un mystère émouvant, c’est bien moi qui vous parle, mes amis !

— Et nous ne rentrerons à Granite-house, répondit Harbert, que lorsque nous aurons retrouvé notre bienfaiteur.

— Oui ! dit l’ingénieur, nous ferons tout ce qu’il est humainement possible de faire… mais, je le répète, nous ne le retrouverons que s’il veut bien le permettre !

— Restons-nous au corral ? demanda Pencroff.

— Restons-y, répondit Cyrus Smith, les provisions y sont abondantes, et nous sommes ici au centre même de notre cercle d’investigations. D’ailleurs, si cela est nécessaire, le chariot se rendra rapidement à Granite-house.

— Bien, répondit le marin. Seulement, une observation.

— Laquelle ?

— Voici la belle saison qui s’avance, et il ne faut pas oublier que nous avons une traversée à faire.

— Une traversée ? dit Gédéon Spilett.

— Oui ! Celle de l’île Tabor, répondit Pencroff. Il est nécessaire d’y porter une notice qui indique la situation de notre île, où se trouve actuellement Ayrton, pour le cas où le yacht écossais viendrait le reprendre. Qui sait s’il n’est pas déjà trop tard ?