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le secret de l’île.

le corral, le quitter quand même ! Il croyait pouvoir supporter le transport à Granite-house. Il assurait que les forces lui reviendraient plus vite dans sa chambre, avec l’air et la vue de la mer !

Plusieurs fois il pressa Gédéon Spilett, mais celui-ci, craignant, avec raison, que les plaies d’Harbert, mal cicatrisées, ne se rouvrissent en route, ne donnait pas l’ordre de partir.

Cependant, un incident se produisit, qui entraîna Cyrus Smith et ses deux amis à céder aux désirs du jeune garçon, et Dieu sait ce que cette détermination pouvait leur causer de douleurs et de remords !

On était au 29 novembre. Il était sept heures du matin. Les trois colons causaient dans la chambre d’Harbert, quand ils entendirent Top pousser de vifs aboiements.

Cyrus Smith, Pencroff et Gédéon Spilett saisirent leurs fusils, toujours prêts à faire feu, et ils sortirent de la maison.

Top, ayant couru au pied de l’enceinte palissadée, sautait, aboyait, mais c’était contentement, non colère.

« Quelqu’un vient !

— Oui !

— Ce n’est pas un ennemi !

— Nab, peut-être ?

— Ou Ayrton ? »

À peine ces mots avaient-ils été échangés entre l’ingénieur et ses deux compagnons, qu’un corps bondissait par-dessus la palissade et retombait sur le sol du corral.

C’était Jup, maître Jup en personne, auquel Top fit un véritable accueil d’ami !

« Jup ! s’écria Pencroff.

— C’est Nab qui nous l’envoie ! dit le reporter.

— Alors, répondit l’ingénieur, il doit avoir quelque billet sur lui. »

Pencroff se précipita vers l’orang. Évidemment, si Nab avait eu quelque fait important à faire connaître à son maître, il ne pouvait employer un plus sûr et plus rapide messager, qui pouvait passer là où ni les colons ni Top lui-même n’auraient peut-être pu le faire.

Cyrus Smith ne s’était pas trompé. Au cou de Jup était pendu un petit sac, et dans ce sac se trouvait un billet tracé de la main de Nab.

Que l’on juge du désespoir de Cyrus Smith et de ses compagnons, quand ils lurent ces mots :