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l’abandonné.

— En vérité, Cyrus, dit Gédéon Spilett, ces choses sont incroyables ! Votre sauvetage, la caisse échouée sur le sable, les aventures de Top, cette bouteille enfin… n’aurons-nous donc jamais le mot de ces énigmes ?

— Si ! répondit vivement l’ingénieur, si, quand je devrais fouiller cette île jusque dans ses entrailles !

— Le hasard nous donnera peut-être la clef de ce mystère !

— Le hasard ! Spilett ! Je ne crois guère au hasard, pas plus que je ne crois aux mystères en ce monde. Il y a une cause à tout ce qui se passe d’inexplicable ici, et cette cause, je la découvrirai. Mais en attendant, observons et travaillons. »

Le mois de janvier arriva. C’était l’année 1867 qui commençait. Les travaux d’été furent menés assidûment. Pendant les jours qui suivirent, Harbert et Gédéon Spilett étant allés du côté du corral, purent constater qu’Ayrton avait pris possession de la demeure qui lui avait été préparée. Il s’occupait du nombreux troupeau confié à ses soins, et il devait épargner à ses compagnons la fatigue de venir tous les deux ou trois jours visiter le corral. Cependant, afin de ne plus laisser Ayrton trop longtemps isolé, les colons lui faisaient assez souvent visite.

Il n’était pas indifférent, non plus, — étant donnés certains soupçons que partageaient l’ingénieur et Gédéon Spilett, — que cette partie de l’île fût soumise à une certaine surveillance, et Ayrton, si quelque incident survenait, ne négligerait pas d’en informer les habitants de Granite-house.

Cependant il pouvait se faire que l’incident fût subit et exigeât d’être rapidement porté à la connaissance de l’ingénieur. En dehors même de tous faits se rapportant au mystère de l’île Lincoln, bien d’autres pouvaient se produire, qui eussent appelé une prompte intervention des colons, tels que l’apparition d’un navire passant au large et en vue de la côte occidentale, un naufrage sur les atterrages de l’ouest, l’arrivée possible de pirates, etc.

Aussi Cyrus Smith résolut-il de mettre le corral en communication instantanée avec Granite-house.

Ce fut le 10 janvier qu’il fit part de son projet à ses compagnons.

« Ah çà ! comment allez-vous vous y prendre, monsieur Cyrus ? demanda Pencroff. Est-ce que, par hasard, vous songeriez à installer un télégraphe ?

— Précisément, répondit l’ingénieur.

— Électrique ? s’écria Harbert.

— Électrique, répondit Cyrus Smith. Nous avons tous les éléments nécessaires pour confectionner une pile, et le plus difficile sera d’étirer des fils de fer, mais au moyen d’une filière, je pense que nous en viendrons à bout.