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l’abandonné.

En somme, il était très-probable que l’unique habitant de l’îlot avait succombé. Aussi était-ce plutôt un mort qu’un vivant dont Pencroff et ses compagnons cherchaient à retrouver les traces ! Mais leurs recherches furent vaines, et, pendant la moitié de la journée, ils fouillèrent inutilement ces massifs d’arbres qui couvraient l’îlot. Il fallut bien admettre alors que, si le naufragé était mort, il ne restait plus maintenant aucune trace de son cadavre, et que quelque fauve, sans doute, l’avait dévoré jusqu’au dernier ossement.

« Nous repartirons demain au point du jour, dit Pencroff à ses deux compagnons, qui, vers deux heures après midi, se couchèrent à l’ombre d’un bouquet de pins, afin de se reposer quelques instants.

— Je crois que nous pouvons sans scrupule, ajouta Harbert, emporter les ustensiles qui ont appartenu au naufragé ?

— Je le crois aussi, répondit Gédéon Spilett, et ces armes, ces outils compléteront le matériel de Granite-house. Si je ne me trompe, la réserve de poudre et de plomb est importante.

— Oui, répondit Pencroff, mais n’oublions pas de capturer un ou deux couples de ces porcs, dont l’île Lincoln est dépourvue…

— Ni de récolter ces graines, ajouta Harbert, qui nous donneront tous les légumes de l’ancien et du nouveau continent.

— Il serait peut-être convenable alors, dit le reporter, de rester un jour de plus à l’île Tabor, afin d’y recueillir tout ce qui peut nous être utile.

— Non, monsieur Spilett, répondit Pencroff, et je vous demanderai de partir dès demain, au point du jour. Le vent me paraît avoir une tendance à tourner dans l’ouest, et, après avoir eu bon vent pour venir, nous aurons bon vent pour nous en aller.

— Alors ne perdons pas de temps ! dit Harbert en se levant.

— Ne perdons pas de temps, répondit Pencroff. Vous, Harbert, occupez-vous de récolter ces graines, que vous connaissez mieux que nous. Pendant ce temps, M. Spilett et moi, nous allons faire la chasse aux porcs, et, même en l’absence de Top, j’espère bien que nous réussirons à en capturer quelques-uns ! »

Harbert prit donc à travers le sentier qui devait le ramener vers la partie cultivée de l’îlot, tandis que le marin et le reporter rentraient directement dans la forêt.

Bien des échantillons de la race porcine s’enfuirent devant eux, et ces animaux, singulièrement agiles, ne paraissaient pas d’humeur à se laisser approcher. Cependant, après une demi-heure de poursuites, les chasseurs étaient parvenus à s’emparer d’un couple qui s’était baugé dans un épais taillis, lorsque