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BRAVES GENS


Je pourrais à peine dire comment était fait l’appartement dans lequel nous entrâmes, ainsi que je l’ai conté, avec bris de cadre, clignotement de réverbère et raccommodement posthume — si posthume est le mot.

À peine étions-nous installés, qu’un grand événement arriva.

Ma mère dut repartir pour recueillir ou soigner une succession — celle de la tante Agnès peut-être, et je restai seul avec mon père.


C’est une vie nouvelle, — il n’est jamais là, je suis libre, et je vis au rez-de-chaussée avec les petits du cordonnier et ceux de l’épicière.

J’adore la poix, la colle, le tire-fil : j’aime à entendre le tranchet passer dans le gras du cuir et le marteau tinter sur le veau neuf et la pierre bleue.

On s’amuse dans ce tas de savates, et le grand frère ressemble à mon oncle Joseph. Il est compagnon du