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Le matin, au lever du soleil, je le tire de sa retraite, et je me glisse, comme un assassin… dans un lieu retiré.

Je ne suis pas dérangé. Il est trop tôt !

Je puis m’asseoir.

J’accroche un miroir contre le mur, je fouette mon savon, je fais tous mes petits préparatifs, et je commence.

Je racle, je racle, et je fais sortir de ma peau une espèce de jus verdâtre, comme si on battait un vieux bas.


J’attrape des entailles terribles.

Elles sont souvent horizontales — ce qui fait beaucoup réfléchir le professeur d’histoire naturelle, qui demeure au second, et qui me prend la tête quand il a le temps.

« Ou cet enfant se penche de côté exprès, pour que le chat puisse l’égratigner, ce qui n’est pas dans la nature humaine… »

Il s’arrête pensif et m’interroge.

« Te penches-tu pour qu’il t’égratigne ?

— Quelquefois. (Je dis ça pour me ficher de lui.)

— Pas toujours ?

— Non, M’sieu.

— Pas toujours ! — C’est donc les mœurs du chat qui changent… Après avoir été donné, pendant des siècles, de haut en bas, le coup de patte est donné maintenant de droite à gauche… Bizarrerie du grand Cosmos ! métamorphose curieuse de l’animalisme ! »

Il s’éloigne en branlant la tête.