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fouille à l’aventure comme on fouille avec le canon. — Je me figure que je suis au siège d’Arbelles, ou à Mazagran. — Si j’avais un drapeau tricolore, je le planterais. — Cette histoire d’Arbelles, nous l’avons traduite hier dans Quinte-Curce. Celle de Mazagran est toute fraîche. On ne parle que de cela et du capitaine Lelièvre.

Ah ! l’on parlera de moi aussi, — nom de nom !

Je bombarde de pierres tout un quartier, au risque de tuer les gens et d’interrompre l’existence normale d’une ville.

On sort des maisons et l’on regarde — pas trop — car je manie toujours ma fronde, mais je commence à me demander comment finira le siège.

J’ai entendu des carreaux tomber, j’ai vu un caillou entrer dans une chambre ; j’ai peut-être tué quelqu’un. On ne riposte pas ! Je me suis donc trompé ; on n’attaquait point. — Je vais être pris, jugé, mon père perdra sa place.

Que faire ?

J’ai entendu dire que pour les cessations de feu on arborait le drapeau blanc ; j’ai mon mouchoir, — il est bleu. — Se retirer ? Je le puis peut-être, la place est déserte, en filant à gauche…

Je prends ma course.


Qu’ai-je donc ? Je suis tombé. On m’entoure. J’ai le bras cassé.

M. Dropal, le médecin passe, on l’arrête. Que va-t-il dire ?