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Président de l’Académie, le danger dont nous avons été menacés. Nous étions heureusement sur un excellent navire, conduit par un commandant vigilant et expérimenté ; mais, à trois jours d’intervalle seulement, nous avons passé par deux cyclones, dont le second a été terrible et sera cité comme celui de Bourbon dans les annales maritimes. Au dire des commandants, des agents maritimes, de tous ceux qui naviguent dans ces mers, depuis douze ou quinze ans, on n’en a pas vu de semblable : les désastres sur terre et sur mer sont immenses.

La première fois, nous étions en mer à deux jours de Hong-Kong. Pendant vingt-quatre heures, nous n’avons pour ainsi dire pas avancé, ballottés par des vents violents et contraires et sous une pluie torrentielle ; grâce à la prudence de notre commandant, nous avons pu ne pas passer au centre du cyclone ; mais, la seconde fois, nous étions en rade de Hong-Kong, nous ne pouvions qu’attendre. Tout était prévu pour parer aux événements, mais nous courions un danger imminent ; si la chaîne de notre ancre se rompait, nous étions jetés à la côte. Depuis 9 heures jusqu’à 2 heures du matin, le baromètre a baissé, le vent augmentait de violence et ne laissait pas d’intervalle ; cependant, vers 4 heures, le baromètre a commencé à remonter, un calme relatif s’est fait sentir. Jusqu’alors notre chaîne avait tenu bon ; nous étions sauvés, nous avions seulement, en terme marin, chassé, c’est-à-dire entraîné notre ancre à environ 500 mètres, ce qui a causé un moment d’effroi aux passagers restés à terre lorsqu’ils ne nous ont plus aperçus le matin.

Voilà quelle nuit nous avons passée du 23 au 24.

Au jour, nous avions sous les yeux un spectacle