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possible, en raison de notre personnel et de nos nombreux instruments, nous assurait toutes les chances possibles de succès.

Le 24 octobre 1874, le d’Estrées nous débarquait à Nagasaki. Après nous être mis en rapport avec les autorités et la Commission américaine, nous nous occupâmes de l’emplacement de notre observatoire. Nous l’établîmes à Kompira-Yama[1], sur une haute colline qui domine la rade. Cette situation était convenable sous tous les rapports : site élevé au-dessus des vapeurs de la ports ville, route existante, proximité des habitations et ressources de tous genres. La grande difficulté était de transporter à cette hauteur les 250 caisses ou colis formant notre bagage. Cinq cents porteurs environ effectuèrent ce travail. En même temps, une centaine de charpentiers et de terrassiers préparaient le terrain, y élevaient des cabanes, et notre installation marcha très-rapidement. Le temps, beau d’abord, se gâta ensuite tout à fait. Des orages violents, des rafales venaient contrarier nos travaux et compromettre même notre établissement. Pendant une violente bourrasque, l’équatorial de M. Tisserand fut renversé, sa lunette et ses micromètres brisés. Heureusement, j’avais avec moi ma lunette de 6 pouces qui me servait dans l’Inde en 1868, lunette que je destinais à des observations spectrales pendant le passage. En sacrifiant ces observations, je fus heureux de mettre M. Tisserand en état de réparer ce malheur qu’il eût mis hors d’état d’observer ; du reste, nous avions avec nous un outillage très-complet, forge, tour, etc., qui nous fut de la plus haute utilité

  1. Montagne de Kompira, dieu des typhons.