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[Consonnes doubles.]

Contrairement à son principe de simplicité, il écrit aussi parfois de doubles consonnes, que l’analogie justifie rarement : ansinne, ansinni, aiw’lenne inn (une), berwette.

[Voyelles particulières.]

L’étude des voyelles nous a fourni peu de remarques importantes, étant donnée la pénurie d’accents distinctifs.

1o On trouve an devant b, p, ce qui est certainement un bon trait de simplification.

2o en français qui se prononce an est bien rendu par in pour éviter toute méprise : vinte (ventre).

3o Mais Cambresier écrit oi à l’imitation du français : abois’né (litt. aboissonner), moir-boi (mort-bois).

4o Le suffixe -ellum, -eau, est rendu par -ai : warokai. — -atam, -ée par -aie : avinaie. Voilà des graphies très répandues qui n’ont pourtant rien d’étymologique ni rien d’analogique. Ellum, eal, ea, eau seraient mieux continués par ê ; -atam -ée par -êe ou -êie ou -êye que par -aie.

[Consonnes particulières.]

Voici quelques remarques relatives aux consonnes particuculières dont la transcription est une cause d’embarras en wallon.

C et K remplacent qu : abrokî, acoï, kuan. Mais qu se retrouve, au mépris même de l’analogie, dans quesse (côte). La semi-voyelle w est donc remplacée par u. Le lecteur est forcé de deviner que kuan est un monosyllabe et que le mot quesse ne se prononce pas comme le français caisse.

On trouve le plus souvent ss au lieu de c sifflant : foisse (force), fasse (face), mais kidaci (mâcher).

Il y a un gh au lieu de gu dans gheuï (gueûyî, gueuler), dans gheulaie (goulée), qu’il écrit aussi geulaie ! Il donne au choix les deux formes guette et ghette. Enfin ce gh est une graphie complètement infidèle dans asagh’né (assaisonner), qui se prononce assṑh.

L’articulation ʤ est rendue analogiquement par j ou g : jônai, gingib ; tch par ch : bechou. Mais g est pourtant contraire à l’analogie dans getté (jeter le fumier hors de l’étable) et aflig (litt. affiches ou affixes).