Page:Jules Feller - Essai d’orthographe wallonne, 1900 (in BSLLW t. 41 p.1-237).djvu/19

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 19 —

on : ron (rond), ronpou (rompu).

un : jeun (juin). Nasale très rare en wallon.

oi : esplwè (exploit), fwér (fort), pwèreû (pourrait).

Je ne vois que deux points assez faibles dans ce système vocalique qui fait à l’analogie les sacrifices absolument nécessaires sans autres concessions : c’est d’abord la représentation de ŏ̀ par â. Cette graphie est agréable et commode au liégeois parce qu’il n’y a pas pour lui de confusion possible entre ā et ŏ̀ ; l’ā pur n’existe pas dans son dialecte : tout a long s’élargit en ŏ̀ (pâte, pŏ̀s). Mais, aussitôt qu’un autre dialecte entre en comparaison avec le liégeois, la distinction des ā et des ŏ̀ devient nécessaire. En second lieu, Simonon a cru devoir écrire pôn, ânêɹ, bien que la voyelle qui précède n soit nasale. Cet écart provient de ce qu’il a voulu éviter qu’on ne prononçât ponn’ à la française comme « bonne ». Mais, outre qu’il y a là une inexactitude de graphie, comment distinguer du liégeois le verviétois, qui dit réellement pône, avône, ânêye, en dénasalisant les voyelles nasales ? Il y a là une vraie difficulté à résoudre, et je crains bien qu’elle ne puisse être résolue qu’en sacrifiant soit l’analogie, soit l’unité esthétique du mot.

[Semi-voyelle y.]

Simonon distingue la semi-voyelle y de l’i par un signe particulier qui, avons-nous dit déjà, ressemble assez à l’i et qui ne tire pas l’œil comme l’y grec. Il se trompe en distinguant deux y dans c’est syy èfan. Où il y en a deux, c’est dans les imparfaits français priions, liions. Car l’indicatif présent prions, lions, possède déjà un y (*precamus, ligamus ; priyons, liyons) ; à l’imparfait, si avions représente av-yons, priions représente priy-yons. Nous ne percevons au contraire qu’un y dans si-y-èfan ou sy-èfan. Les tétraphthongues à double y dans la même syllabe n’existent donc que dans l’esprit de Simonon. Il se trompe aussi en considérant la nasale gutturale comme un élément lié à la voyelle i seule (dinkté, p. 13) et en assignant cet élément à la voyelle. Mais ces erreurs sont des taches légères. Comme on voudrait voir