Page:Jouve - Coup d'œil sur les patois vosgiens, 1864.pdf/96

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 92 —

prendre un mot que j’entends et lis souvent ; une chose qui est une richesse pour la France. C’est en vain que dans le dictionnaire de l’Académie, ce recueil régulier, légal, exact, expurgé, des termes de la belle langue française, je cherche, pour en avoir une idée exacte, ce que c’est qu’une minoterie ou qu’un minotier ; je suis obligé de m’en tenir à l’analogie qu’offre miné avec minoterie. Heureusement qu’il est d’autres dictionnaires qui ne jouissent pas, il est vrai, de la même autorité, qui ne sont sans doute que des compilations intelligentes, mais où l’on trouve avec satisfaction les solutions négligées par les Quarante. Ainsi Bescherelle me rassure sur le rapprochement que j’ai fait ; il m’apprend qu’une minoterie est un établissement dans lequel on prépare des farines destinées au commerce extérieur, et qu’un minotier est celui qui possède, qui fait valoir une minoterie, et aussi celui qui fait le commerce des farines, surtout pour les expédier à l’étranger. Ces deux derniers mots, rejetés par l’Académie, peut-être comme du bas-langage sont bien français et nous sommes certains qu’une nouvelle édition de son dictionnaire nous les donnera, sans qu’on se doute qu’un misérable mot patois a pu les fournir, ce que je ne donne que comme une conjecture.

Quel rustre, n’est ce pas, que celui qui demande du sau pour du sel ? Le français est-il donc mieux venu de demander le sel aux sauniers pour saler son pot ? Quelle complication de radicaux ! quelle famille discordante ! Le