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l’aimable Jossiaume, Goderan et Landry[1] pour me servir d’une orthographe moderne. Il est fort à regretter que leurs poëmes aient tout à fait disparu, car nous y trouverions les formes anciennes du patois vosgien, comme on trouve les traces du langage local dans les poètes provinciaux de la même époque. Pendant longtemps en effet les provincialismes dominent dans les écrits ; ne connaîtrait-on point l’auteur du roman de Gérard de Viane, le langage bourguignon nous révélerait déjà sa patrie. Goderan et Landry nous aideraient donc à affirmer que la langue du moyen-âge se retrouve en grande partie aussi pure, plus pure peut-être dans notre patois que dans d’autres qui sont souvent cités.

Aucune comparaison n’est aussi intéressante et utile que celle du patois et du roman du nord, et ne témoigne mieux que notre idiome n’a pas la barbarie que lui supposent des esprits dédaigneux. Je dirai même bon nombre de nos compatriotes.

En quoi est-ce être barbare que de dire horier pour rosser. Le beau français ne peut que donner des horions. Le patois a-t-il des richesses qui ne se trouvent pas à l’Académie ? Quelle grossièreté y a-t-il dans miné pour meunier ? Miné, je l’avoue humblement, m’a aidé à com-

  1. Seraient-ce les auteurs de quelques-unes des nombreuses versions de la célèbre Chanson des Loherains ?