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bach. D’où ce son dental a-t-il été importé au Ban-de-la-Roche ? Est-ce de l’Italie ? Est-ce du nord du Jura, des environs de Montbelliard ? Ce n’est pas ici le lieu d’entrer dans l’examen de ces deux questions et d’apporter des preuves pour une affirmation quelconque. Nous dirons en somme qu’il y a quelque apparence pour l’Italie, mais que les probabilités sont pour qu’une population allemande ou suisse soit venue s’établir dans ce coin sauvage de nos montagnes.

Voyons le patois des environs de Rambervillers :

Quand j’demourè é villéche, — me racontait quelqu’un, — il n’yi troh ou quoite an, j’ol è quéque fou è l’oure (à la veillée), et j’oyè récontè di drôle de squéfiaufe (fable, conte) ; on pôlè dé manihennekîne, di sèbé, d’lè fouèneur, di culâ (feu follet) et dé lougarou.

Ce n’est pas toujours d’histoires fantastiques que s’entretiennent nos paysans dans leurs veillées ; chez eux comme à la ville, les affaires du jour, les petites médisances, les coquetteries y ont une grande part. Comme dans nos salons elles n’ont d’intérêt que dans le lieu où elles se débitent. Avant qu’un conteur ait pris la parole, ce sont des conversations à l’aventure, du bruit, des cris et des jeux. Nous découvrirons un coin du tableau.

Le père Mathieu entre avec fracas : « Qué to, s’écrie-t-il, j’a tu aujedeuye moyi jusqu’ès osse. J’a tu pou bôchi ; j’voyézor bié enne nouâche to nar,