Mais une question se présente dès l’abord quand on veut écrire le patois. De quelle orthographe faut-il se servir ? Y a-t-il une orthographe patoise ? Sans discuter ici longuement la question, nous répondrons qu’il faut écrire l’idiome rustique comme il se prononce. Suivre l’orthographe moderne du français dans la transcription d’un langage qui n’a de français qu’une origine commune et lointaine, c’est induire souvent en erreur l’esprit par les yeux en donnant à un idiome un caractère qu’il n’a pas, et en faisant supposer, ce qui est aujourd’hui hors de doute, que le patois est du français dénaturé, corrompu.
Nous suivrons donc le même procédé que La Monnoie dans ses Noëls bourguignons ; il figure l’orthographe de manière à reproduire le plus exactement possible la prononciation de sa langue naïve et malicieuse à la fois, sans se préoccuper de l’analogie avec le français, car il ne doit y avoir qu’un même signe pour le même son ; il écrit donc tan les mots temps, tant, il tend. Nous ferons de même ; il n’y a pas pour les patois d’autre méthode orthographique ; il ne devrait même pas y en avoir d’autres pour toutes les langues, si l’on pouvait échapper aux traditions qui sont toujours respectables quand elles apportent avec elles la grandeur et la dignité. La langue espagnole est la plus parfaite sous ce rapport ; on n’écrit pas autrement qu’on prononce ; point de lettres superflues dites étymologiques.
Nous n’avons fait d’exception que pour le Ban-